
Pantobaguette : la rencontre exquise entre chanson et sandwich
Sous ce nom intrigant de pantobaguette, se cache une création singulière, savoureuse et joyeusement hybride, née de l’esprit fertile de deux artistes qui aiment autant la scène que la street food. D’un côté, la comédienne et chanteuse Pascale Oudot ; de l’autre, le beatmaker Jean Thévenin, alias Jaune. Ensemble, ils ont mijoté un projet mi-musical, mi-gustatif, où le sandwich devient un vecteur d’émotions aussi puissantes qu’un refrain entêtant.
Quand la chanson croque la vie
Pantobaguette, c’est d’abord un spectacle vivant, mobile, ludique. Imaginez un food truck qui serait aussi une scène ambulante. Ou plutôt une forme théâtrale où la baguette remplace les décors, et les ingrédients font office de dialogues. Chaque performance est une invitation à écouter, sentir, goûter. Une baguette est préparée sur scène, en live, pendant que les artistes chantent, racontent, interprètent. Ce n’est pas de la cuisine de démonstration, c’est une cuisine narrative, où la recette devient récit et la mie de pain, un terrain d’exploration poétique.
Il ne s’agit pas simplement de manger un bon sandwich. Il s’agit de vivre une expérience sensorielle complète, dans laquelle la voix, les textures, les parfums et les saveurs s’emmêlent avec une tendre désinvolture.
Un hommage gourmand à la pop française
Le répertoire musical de Pantobaguette est un patchwork de morceaux électro-pop, de chansons douces et de sons bricolés avec finesse. Les paroles parlent de ce qu’on mange, mais surtout de ce que manger évoque : l’amour, les souvenirs d’enfance, la solitude, les petits plaisirs. Une chanson peut naître d’un simple ingrédient — le beurre salé, une tomate, un cornichon — et se transformer en confession intime ou en délire burlesque.
Et pendant qu’on écoute, on regarde les gestes. Le pain qui se fend. Le fromage qui fond. Le couteau qui gratte une rillette sur une tranche encore tiède. Tout est chorégraphié, mais avec cette légèreté désinvolte qui donne l’impression d’un moment volé au quotidien.
Le sandwich comme manifeste
Ce qui frappe dans Pantobaguette, c’est sa manière de prendre un objet banal — une baguette garnie — et d’en faire un symbole de partage, d’art populaire, d’inventivité libre. Le sandwich est vu comme un terrain de jeu, un espace de création à part entière. Il devient un outil d’expression, un véhicule d’émotions, un manifeste à croquer.
Cette démarche s’inscrit dans une mouvance qui valorise les choses simples, artisanales, généreuses. Pas de luxe tapageur ici. On est dans la culture du pain croustillant, du produit frais, de la gourmandise accessible. Et pourtant, chaque bouchée, chaque note, chaque mot semble penser, peser, orchestrer avec minutie.
Une performance qui se déguste
Ce qui fait la force de Pantobaguette, c’est cette alchimie subtile entre le spectacle et le sandwich. L’un ne va pas sans l’autre. Le public ne reste pas passif : il goûte, sent, rit, chante parfois. À la fin, une vraie baguette est partagée, dégustée ensemble. Et c’est là que le spectacle culmine : dans ce moment collectif, tactile, savoureux.
On ne sait plus si l’on vient pour écouter un concert, voir une performance ou manger un bon casse-croûte. Mais on repart le cœur léger, le ventre comblé, et des refrains plein la tête.
Une tournée pas comme les autres
Pantobaguette s’invite dans des lieux inattendus : petites salles, festivals, scènes ouvertes, marchés. La scénographie est volontairement légère, adaptable, proche du public. Chaque représentation est unique, nourrie par l’énergie du lieu, du jour, des gens présents.
À la fois chaleureux et expérimental, ce format surprend et séduit, notamment grâce à la complicité évidente entre les deux artistes. Pascale et Jaune jouent sur tous les registres, du sérieux à l’absurde, du tendre au grinçant, avec une fluidité naturelle.
Le goût des choses bien faites
Enfin, il faut souligner le soin accordé à la dimension culinaire du projet. Le sandwich n’est pas un simple prétexte : il est préparé avec attention, parfois inspiré des régions traversées. Pain de qualité, produits sourcés, recettes inventives… Pantobaguette défend aussi une certaine éthique alimentaire, celle d’une cuisine simple mais réfléchie, respectueuse du goût et des saisons.
En conclusion
Pantobaguette, c’est un OVNI réjouissant dans le paysage food et culturel. Une performance comestible et chantée, où l’art et la bouffe dialoguent avec malice. Une baguette qui croustille sous les doigts comme un bon vieux vinyle sous l’aiguille. Et une invitation à redécouvrir le pouvoir évocateur d’un simple sandwich, quand il est préparé avec amour… et un micro à la main.

